Si les contrastes sont importants d’une région à l’autre, la pratique du vélo se développe rapidement, et représente aujourd’hui 4% des déplacements en France. Dans certaines grandes agglomérations, le nombre de cyclistes a même doublé en l’espace de 10 ans. Pourtant, l’insécurité reste un frein majeur pour développer l’usage du vélo en ville. Cette table ronde a permis d’identifier les obstacles et d’apporter des solutions pour favoriser la sécurité routière des cyclistes.
Des facteurs de fragilité et d’insécurité sur la route
« Le nombre de cyclistes progresse dans toutes les villes où le vélo est pris en compte » remarque Véronique Michaud, Secrétaire générale du Club des Villes et Territoires Cyclables, qui rassemble un réseau de 1500 collectivités favorisant l’usage du vélo. Si les Français plébiscitent de plus en plus ce mode de déplacement écologique et économique, 149 cyclistes français ont pourtant trouvé la mort en 2015. 80% des accidents ont lieu en milieu urbain, même s’ils sont moins graves. En revanche, les accidents mortels se produisent majoritairement lors de collusions entre vélos et véhicules motorisés, et dans les zones péri-urbaines. 24% des accidents mortels avaient pour origine un conflit entre le cycliste et un véhicule à gros gabarit.
Améliorer la visibilité des cyclistes et la connaissance de la signalétique
Christophe Ramond, Directeur études et recherches à l’Association Prévention Routière, a rappelé les principaux facteurs d’accidents : la vitesse des cyclistes souvent mal appréciée par les automobilistes et l’ouverture fortuite d’une portière qui provoque la chute du cycliste. En cause, le manque de visibilité des cyclistes, souvent sous-équipés en matière de protection individuelle. Vient ensuite le manque de connaissance des panneaux vélos par les usagers motorisés (par exemple, le double sens cyclable). Et enfin, le rôle des collectivités, qui ne savent pas toujours installer la signalétique vélo à bon escient. « Il y a un travail important de communication à faire auprès de tous les usagers sur les nouveaux panneaux de signalisation dédiés à la circulation des vélos » remarque Christophe Ramond. Pour protéger les cyclistes, particulièrement vulnérables « parce qu’ils n’ont pas de carrosserie », Frédéric Coppens, du Syndicat des Equipements de la Route, a présenté un nouveau gilet rétro-réfléchissant intégrant des capteurs, qui émet un signal lumineux lorsque le cycliste lève le bras avant d’entamer un virage.
Adapter et assurer la cohérence des aménagements
Pour Thomas Jouannot, Chargé d’études en sécurité routière et pour le développement de l’usage du vélo au CEREMA, la modération de la vitesse des véhicules motorisés reste un enjeu clé pour améliorer la sécurité routière en ville. Il a également souligné l’importance des initiatives en matière d’équipements de la route et de signalisation. « L’installation d’une signalétique spécifique permet aussi de favoriser la circulation et la sécurité des vélos ». C’est le cas de la Ville de Paris, qui a installé sur 4000 points de la capitale des panneaux cyclistes « Cédez le passage au feu ». La Ville de Paris teste aussi actuellement un panneau « Tourne à gauche » dans le 10ème arrondissement. Au-delà de ces initiatives, tous les intervenants ont noté la nécessité d’élaborer une politique de déplacement cohérente, intégrant l’ensemble des modes de déplacement : « Certaines communes se lancent dans l’aménagement de pistes cyclables, mais sans envisager la circulation de manière globale. On voit parfois une piste cyclable qui n’aboutit sur rien. » remarque Christophe Ramond.
Développer la culture vélo
Marie-Anne Isler-Beguin, Vice-Présidente Mobilité et Déplacements à Metz Métropole, a souligné que l’effort doit porter sur le développement d’une culture vélo. La ville de Metz - qui compte actuellement 88 km de pistes cyclables - a été la première ville française à mettre en place de zones de rencontre, destinées à favoriser la cohabitation de tous les usagers de la rue. « Le plan de déplacement urbain et le dialogue avec les élus sont essentiels pour prendre en compte l’ensemble des modes de déplacements en ville ».
Des investissements nécessaires pour la sécurité routière
La question du financement des aménagements reste un point majeur, à l’heure où les collectivités locales restreignent leurs budgets consacrés à la route. Christophe Sabatié, du SER, est revenue sur la dégradation dramatique des équipements de la route et le manque d’entretien de la signalisation, pourtant nécessaires pour sécuriser les déplacements. Ces budgets doivent aussi permettre d’assurer la formation des enfants et des seniors à la prévention routière, pour les inciter à prendre ou à reprendre leur vélo en toute sécurité.
Pour en savoir plus :
http://www.villes-cyclables.org/
https://www.preventionroutiere.asso.fr/