Plusieurs villes françaises ont décidé de retirer certains feux tricolores pour améliorer la sécurité et fluidifier le trafic. Pourquoi pas. Mais dans un monde parfait où chacun se conformerait au Code de la route et au respect des règles de civisme.
De manière assez inattendue, les feux de signalisation routière semblent devenus le mauvais allié de la sécurité routière. Plusieurs villes, comme Nantes, Bordeaux et Paris, ont décidé d'en retirer certains afin d'améliorer la sécurité, fluidifier le trafic et respecter l'environnement.
Mise au point sur les chiffres d’abord. Selon le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement, environ 10.000 accidents, provoquant 150 morts et 1.500 blessés, se produisent chaque année au niveau des carrefours à feux. Il y a là un paradoxe surprenant à penser désormais que le feu de signalisation mettrait en danger au lieu de protéger. Or ces chiffres présentent une vision tronquée de la réalité.
Des doutes sur les statistiques publiés
Ces statistiques s’expliquent par le fait que les axes régulés par des feux de signalisation sont les plus fréquentés et donc les plus touchés par les accidents de la circulation. Ces chiffres ne disent rien sur le nombre d’accidents que ces carrefours auraient pu provoquer s’ils n’avaient pas été protégés par des feux de signalisation.
Pointant uniquement les carrefours équipés de feux tricolores, aucune étude comparative n’a été menée sur l’accidentalité globale des carrefours en France, autrement dit dans les zones de cédez le passage ou dans les carrefours à rond-point.
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Par ailleurs, ne nous trompons pas de débat. Ce ne sont pas les feux qui sont responsables des accidents de circulation : c’est le non-respect des feux par l’usager au carrefour. Les feux tricolores sont avant tout, et depuis toujours, un moyen de réguler le trafic. Ils donnent à chacun des règles à suivre et ils permettent l’application du Code de la route. En l’absence de feux tricolores, pourra-t-on confier sa sécurité uniquement au civisme de l’autre ?
On peut toujours faire parler les chiffres, il faut surtout écouter les hommes. Et notamment ceux pour qui les feux tricolores restent souvent un moyen de pouvoir se déplacer en sécurité dans l’environnement urbain : les piétons, les malvoyants ou encore les personnes à mobilité réduite. Pour cette catégorie d’usagers, supprimer totalement les feux tricolores, ce serait faire régner la loi du plus fort et donner la priorité à ceux qui se sentent le moins en danger.
Une solution pas si écolo et coûteuse
Du côté écologique, les feux tricolores favoriseraient aussi la congestion du trafic et donc la pollution, obligeant les automobilistes à avoir une vitesse irrégulière et une conduite saccadée. Cette version est contestable, car la régulation du trafic, traitée en onde verte c’est-à-dire par des flux réguliers à vitesse constante, permet une diminution des arrêts intempestifs des véhicules et donc moins de pollution.
La solution alternative, nous dit-on, serait de remplacer la majorité des feux de signalisation par des carrefours giratoires. Si cette solution peut être envisageable dans certains cas, elle est difficilement applicable dans la plupart des villes où la configuration de l’espace urbain ne permet pas de telles infrastructures. Comment peut-on imaginer remplacer les feux dans des rues étroites en plein coeur de Marseille ou à Saint-Malo ?
Quant au coût global, les détracteurs ont sans doute mal fait leur calcul : la sécurisation d’un carrefour standard avec des feux tricolores nécessite un budget d’environ 40.000 euros (fourniture et pose du matériel). Un budget raisonnable comparé aux coûts d’investissements et d’entretien d’un giratoire.
Utilisation rationnelle
Arrêtons de penser la route de manière globale, mais envisageons plutôt les situations au cas par cas, selon les territoires, les axes routiers, la densité et les conditions de trafic, la configuration de la voirie urbaine, etc.
Il conviendrait simplement de repenser et favoriser une utilisation rationnelle et intelligente de tous les équipements de la route dont nous disposons, afin de garantir à chacun les meilleures conditions de mobilité. Les feux de signalisation en font partie.
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À l’heure où l’on parle de la route de cinquième génération, les feux tricolores deviennent un élément incontournable dans le challenge des mutations technologiques. Dans les métropoles, les feux de signalisation restent particulièrement indispensables, car ils sont associés à la sécurité des transports en commun (bus ou tramways).
Vision utopique
La suppression des feux de signalisation ne tient que dans un monde idéal et encore lointain, où chacun se conformerait au Code de la route et au respect des règles de civisme. Faute de discipline collective et de comportements adaptés, tous les efforts doivent converger vers une priorité unique et partagée : diminuer le nombre d’accidents sur nos routes.
Nous avons à coeur de penser que les feux tricolores peuvent contribuer à dessiner une route plus vertueuse : fluide, décongestionnée, respectueuse de l’environnement et de la sécurité de tous.
Par Aly Adham, président du Syndicat des Equipements de la Route