L'APREA devient la "Section Protections Acoustiques" du SER

C'est avec la certitude partagée d'un intérêt et d'un avenir communs, que le Syndicat des Équipements de la Route (SER) et l'Association Professionnelle des Réalisateurs d'Écrans Acoustiques (APREA) ont officialisé leur rapprochement. De quoi offrir aux métiers des écrans acoustiques plus de visibilité et de reconnaissance mais aussi la possibilité de prendre pleinement part, aux côtés des équipementiers de la route, à la construction d'une route plus sûre et intelligente.

VERS UN SECTEUR PLUS REPRÉSENTATIF

Le marché des écrans acoustiques est apparu en France dans les années 1980. D'abord sous la forme d'imposants murs de bétons le long des grands axes routiers, ils ont évolué jusqu'à devenir d'indispensables équipements aux structures et propriétés innovantes bordant de nombreuses routes et voies ferrées. Aujourd'hui présidée par Philippe Bertrand, l'APREA a été créée en 1986 lorsque le secteur s'est plus largement développé. Regroupant à la fois des fournisseurs et des poseurs de panneaux, écrans et murs anti-bruit, l'association s'est ouverte plus récemment à tous les métiers s'y rapportant : bureaux d'étude de génie civil, bureau d'étude acoustique, spécialiste des peintures anti-graffiti, cabinets d'architectes, etc.

 

Si les surfaces installées d'écrans acoustiques varient entre 100 000 et 150 000 m2  en moyenne par an, selon Philippe Bertrand, le secteur est lui aussi touché par la baisse globale des crédits et des commandes publiques. Dans ce contexte général, l'APREA avait besoin de plus de visibilité et de reconnaissance. « S'appuyer sur le SER nous permet d'avoir une force de frappe beaucoup plus importante et une meilleure représentation auprès des collectivités, élus et décideurs, explique Philippe Bertrand. Ce rapprochement est à la fois politique, vis à vis de notre champ commercial, et tactique d'un point de vue financier ». Par ailleurs, ces dernières années, les membres de l'APREA se sont retrouvés de plus en plus souvent confrontés à des problématiques touchant directement aux métiers de la route. « Se rapprocher du SER avait du sens car nous travaillons finalement sur des projets voisins », ajoute Philippe Bertrand.

 

De son côté, le président du Syndicat des Équipements de la Route, Aly Adham, se réjouit tout autant des perspectives offertes par ce rapprochement : « Nos deux entités, à présent réunies, font bien souvent face aux mêmes enjeux, qu'il s'agisse de valoriser nos métiers, de défendre nos savoir-faire, de promouvoir l'entretien des infrastructures routières existantes ou d'imaginer les usages et mobilités de demain. C'est donc avec beaucoup de fierté que je souhaite la bienvenue aux membres de l'APREA dans notre nouvelle section Protections Acoustiques qui, j'en suis certain, sera le terrain propice pour créer une dynamique commune et des synergies collectives aussi enrichissantes que prometteuses pour l'avenir de nos secteurs ».

 

Secrétaire technique de la Commission de Normalisation Écrans Acoustiques (CNEA), Patrick Demizieux (CEREMA-Est) voit dans le rapprochement des deux entités une opportunité importante pour l'APREA afin de renforcer sa présence et celle de son secteur auprès du Comité européen de normalisation CEN TC 226. Celui-ci a pour mission de préparer des normes et spécifications techniques dans le domaine des équipements de la route, concernant la sécurité ou la régulation du trafic. Parmi les équipements concernés, les écrans anti-bruit. « Au sein du CEN TC 226, chaque pays membre fait remonter plusieurs experts des principaux secteurs représentés, explique Patrick Demizieux. Le secteur français des écrans acoustiques, de par son poids économique moindre par rapport à ceux des dispositifs de retenue ou de la signalisation horizontale par exemple, n'est pas représenté au sein de la délégation nationale. Cela ne pourra qu'être profitable au secteur des écrans acoustiques que de pouvoir être représentés au CEN TC 226 par des membres du SER qui font déjà partie de la délégation française ».

 

ANTICIPER LES ENJEUX DE DEMAIN

Au sein de la nouvelle section « APREA : Protections Acoustiques », les membres représentants du secteur pourront engager plusieurs axes de travail et de réflexion. Autour de la communication de leurs activités et de leurs métiers tout d'abord. Mais aussi concernant la formation technique des maîtres d'œuvre. Si ce chantier s'est déjà concrétisé, en partenariat avec le CEREMA (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), sous la forme d'un guide technique concernant le dimensionnement des murs anti-bruit, sa promotion pourra être renouvelée grâce à la visibilité offerte par le SER.

En parallèle, les membres de la section se pencheront sur de nouveaux concepts et produits, dans l'optique du développement de nouvelles formes de mobilité. « Nous développons actuellement des dispositifs d'écrans adaptés au milieu urbain et afin de protéger les zones calmes comme les rues peu passantes, les places, jardins ou squares, explique Gilles Giora, vice-président de l'APREA. Ce sont des écrans de faible hauteur, environ 1,20 mètres, qui sont absorbants acoustiquement, soit en béton et bois, soit en métal avec des laines minérales ». Un modèle transparent renvoyant l'onde acoustique vers le sol grâce à sa forme courbée a également été imaginé. Le projet, démarré il y un peu plus de deux ans, a été retenu et en grande partie financé par l'Ademe. Les laboratoires d'Etat, CEREMA et CSTB, mais aussi le CERIB (Centre d'études et de recherches de l'industrie du béton) ont étudié le produit et contribué à mettre en œuvre les protocoles techniques d'évaluation. « Les premières expérimentations in situ auront lieu l'année prochaine à Nice, précise Gille Giora. Les trois types d'écrans, béton-bois, métal et transparent, seront installés devant les jardins de la maison de l'environnement de la ville. En complément, une enquête de perception par les riverains sera réalisée par l'association Acoucité ».

Dans un futur proche, Philippe Bertand imagine que de tels équipements pourraient être couplés à d'autres dispositifs de sécurité, en bords de chaussée ou des voies de tramway par exemple, servant aussi d'aménagements urbains comme des bancs ou des jardinières. « Nous imaginons également que ces écrans anti-bruit en milieu urbain puissent être équipés d'autres fonctionnalités et servir par exemple de relais et d'outils afin d'affiner la lecture de la route et le guidage des véhicules autonomes, détaille Philippe Bertrand. À l'échelle d'une rue, nous pouvons très bien imaginer un dispositif qui serve à la fois d'outil de guidage, de protection et de signalétique ».

Déjà, les écrans anti-bruit remplissent plusieurs fonctions : écrans de protection acoustique contre la pollution et les nuisances sonores pouvant entraîner de graves troubles psychiques, du sommeil ou de l'attention ; mais aussi protection physique permettant de sécuriser les piétons vis-à-vis des véhicules ou des trains en circulation. « Avec l'arrivée du véhicule autonome, il sera nécessaire de ré-inventer l'espace urbain, estime Gilles Giora. Ce type d'écran peut alors parfaitement trouver sa place dans de nouveaux schémas de mobilité et d'usage de la ville et de la route ».

Au SER, on se félicite de l'arrivée de nouveaux acteurs venant grossir les rangs d'un secteur aujourd'hui tourné vers l'inéluctable mutation des mobilités. Demain des modèles plus connectés, plus intelligents et plus sécurisés verront le jour, impliquant des équipements routiers de plus en plus performants et dont les membres du syndicat entendent conserver la pleine maitrîse.

Aussi, il est certain que dans ce monde de la route en pleine transformation, l'union fait la force.