Au Royaume-Uni et dans de nombreux pays européens, les chiffres de la mortalité sur la route sont mauvais. La faute à une baisse de la prévention.
25 845 personnes ont été tuées l'an dernier sur les routes européennes et plus de 203 500 gravement blessées, soit une baisse de seulement 0,6 % par rapport à 2013. C'est la plus mauvaise réduction annuelle du nombre de tués au sein de l'UE depuis quatorze ans ! La France, qui a connu une augmentation de 3,5 % de la mortalité routière en 2014, n'est pas la seule à avoir connu une année noire.
L'Irlande, l'Allemagne et le Royaume-Uni, pourtant réputé l'un des meilleurs élèves européens, ont subi des hausses similaires. Ce relâchement des comportements au volant s'explique différemment d'un pays à l'autre : désinvestissement des politiques de sécurité routière, impact de la météo, de la crise... ou de la reprise économique.
Alarmée de cette « retombée des efforts » européens, l'association ETSC (European Transport Safety Council), qui révèle ces données, estime qu'il faudrait désormais une « réduction annuelle moyenne de 8 % entre 2015 et 2020 afin d'atteindre l'objectif de l'UE de réduire de moitié le nombre de morts sur les routes par rapport à 2010 ». Mais l'accidentologiste Claude Got est pessimiste. « Les pays industrialisés européens ont eu ces dernières années une telle masse de préoccupations liées au chômage et à la sécurité intérieure qu'ils ont malheureusement levé le pied sur les politiques de sécurité routière. »
Selon lui, jamais la France ne parviendra à passer sous la barre des 2 000 morts à l'horizon 2020 comme elle s'y est engagée « si elle n'annonce pas une batterie de mesures nouvelles et crédibles ». « L'effet d'annonce lié à l'apparition des radars mobiles embarqués s'est épuisé au bout de sept mois car le nombre de PV dressés a été extrêmement faible, explique Claude Got. Or, la population s'adapte à la crédibilité de la dissuasion. Et si la majorité des automobilistes ne respectent pas la vitesse dans les rues limitées à 30 km/h, c'est parce qu'il n'y a jamais de contrôle-sanction dans ces zones. »
« L'an dernier, on a d'ailleurs noté en France une augmentation globale des vitesses moyennes, s'alarme Jean-Yves Salaün, délégué général de l'association Prévention routière. Ce qui prouve bien qu'il ne faut jamais baisser les bras. » Appelant à redonner un coup de fouet à la politique européenne de sécurité routière, les associations s'inquiètent par ailleurs de la baisse constante des dépenses consacrées à la maintenance des routes. Selon le Syndicat des équipements de la route, « 40 à 50 % des panneaux installés sur le territoire français ont déjà dépassé leur durée de vie, et ne sont donc pas conformes à la réglementation ».