Les réseaux secondaires sont les plus dangereux de France. L'Etat doit investir dans les infrastructures pour faire baisser la courbe de la mortalité routière. Une politique répressive ne suffit pas.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2014, la route aura emporté 3.384 personnes, soit 3,7 % de plus qu'en 2013. Ces chiffres alarmants témoignent d’un relâchement évident de la part des pouvoirs publics. Hier priorité nationale, la sécurité routière commence à faire partie des sujets que l’on oublie bien vite. Et c’est souvent à l’occasion de la journée nationale de la sécurité routière, qui aura lieu mardi 13 octobre, que l’on braque les projecteurs sur les blessés graves ou les proches des victimes de la route. Ce sont eux qui nous rappellent que, trop souvent, la route ne pardonne pas.
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Que faire face à ce relâchement ? Réprimer pour modifier les comportements ? Oui, l’alcool au volant est à bannir. Oui, la vitesse est un fléau à l’origine de centaines d’accidents, en particulier chez les jeunes. Le Comité Interministériel de la Sécurité Routière qui s’est réuni le 2 octobre dernier a renforcé les dispositifs dans ce sens. En revanche, parmi les 26 mesures proposées dans le cadre de son plan d’urgence, aucune ne concerne l’amélioration de l’état des routes et de ses équipements.
Le réseau routier se dégrade
Les Français le constatent eux-mêmes : l’état de nos routes ne cesse de se dégrader, créant un sentiment d’insécurité grandissant pour tous les usagers de la route. On peut tout espérer des radars et des éthylotests : mais les mauvais chiffres enregistrés ces derniers mois cachent une autre réalité, sans doute moins rentable que les radars. Sur les revenus générés par les mesures de répression, quel montant est réellement réinvesti dans l’amélioration de notre patrimoine routier ?
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Ignorer la dégradation du réseau, c’est oublier que certaines routes tuent plus que d’autres : si les autoroutes s’en sortent avec des honneurs relatifs, les routes départementales et nationales restent les parents pauvres du réseau routier. Et c’est justement sur ces routes secondaires empruntées au quotidien par les Français que l’on déplore le plus grand nombre de victimes. La vitesse n’est pas coupable de l’accident dû au mauvais état de la signalisation routière. Les radars ne peuvent rien contre un choc mortel dû à l’absence de barrières de sécurité en bord de route.
Un triptyque vertueux
À l’occasion de cette journée nationale de la sécurité routière, il faudrait rappeler aux pouvoirs publics que la lutte contre l’insécurité routière ne doit pas uniquement se cantonner à une politique de répression. Pour être efficace, elle doit maintenir en équilibre un triptyque vertueux : le comportement du conducteur, l’amélioration des équipements du véhicule et la qualité des infrastructures routières.
Le facteur des infrastructures est présent dans 40 % des accidents mortels. Si l’on veut inverser durablement la courbe de la mortalité routière, il est plus que temps d’investir dans l’entretien de nos routes et de ses équipements. Et de réfléchir avec l’ensemble des professionnels de la route et les associations à la manière dont nous pouvons construire durablement une route qui pardonne.
Par Jean-Bernard Conrad, président du Syndicat des Equipements de la Route
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